Avenue des Frères-Lumière : habitants et commerçants peu convaincus par la vélorue

Novembre 2023

Lyon économie Journal le Progrès Le 3 novembre 2023 Par Nadine Micholin –

 Avenue des Frères-Lumière : habitants et commerçants peu convaincus par la vélorue 

Alors que les travaux d’assainissement ont commencé et préfigurent le projet de requalification de l’avenue des Frères- Lumière d’ici à 2026, J’Aime Monplaisir et l’Union des commerçants et artisans de Monplaisir (UCAM) redoutent la mise en place de la vélorue. 

Les travaux d’assainissement ont commencé mi-octobre et vont durer un an. Ils précèdent deux ans de travaux de requalification de l’avenue des Frères-Lumière. Le modèle de la vélorue pas adapté à l’avenue. 

Alors que les résultats de la réunion publique du 20 octobre 2022 annonçaient la suppression de tous les stationnements et une piétonnisation événementielle tous les samedis, depuis cet été , les écologistes ont penché pour la mise en place de la vélorue. Un concept inventé dans les années 1980 en Allemagne. « La vélorue est plutôt adaptée aux zones pavillonnaires ou touristiques. Or, nous sommes sur un axe majeur de transit lyonnais. 

Si l’on se conforme aux recommandations du CEREMA, organisme d’État, le modèle de la vélorue n’est pas adapté à l’avenue des Frères-Lumière. Les vélos représentent 2 450 passages par jour contre 6 000 sur l’artère proche du cours Albert-Thomas. Pourquoi dupliquer à 50 mètres d’écart une voie parallèle pour les cyclistes ? », avance Jean Victor. Le vice-président de l’ association J’Aime Monplaisir (200 adhérents) regrette que ce projet de vélorue n’ait pas été présenté aux résidents, « ni validé démocratiquement ». « On est surpris et déçu de ce principe qui ne correspond pas à l’usage de l’avenue. Il a été présenté à la presse le 30 juin 2023, puis le 12 juillet aux associations. Dès lors, on l’a vécu comme un passage en force » indique Gwenaël Belbeoch, président de l’UCAM. « Tous les commerçants sont favorables à un aménagement de l’avenue mais, avec la disparition des places, on nous supprime l’un des usages de manière radicale. » 

L’avenue des Frères-Lumière sera coupée en partie Est à la hauteur de la rue du Docteur-Gélibert. Il ne sera plus possible de partir de la Manufacture pour rouler tout droit jusqu’à la place d’Arsonval. 

Un plan de circulation qui pose question L’avenue des Frères-Lumière sera coupée en partie Est à la hauteur de la rue du Docteur-Gélibert. De fait, il sera impossible de partir de la Manufacture des Tabacs pour rouler jusqu’à la place d’Arsonval. « Un point noir » pour J’Aime Monplaisir qui prédit des bouchons, un rallongement du trajet avec déport sur les autres rues et dénonce l’absence d’étude d’impact. 

« Un plan de circulation qui détourne le passage devant les commerces, fait craindre une baisse du chiffre d’affaires » pour l’UCAM. « Le stationnement voitures est un élément principal pour que le consommateur vienne à la rencontre des commerçants. » 

Les deux associations observent : « Le trafic automobile est fluide en cours de journée. Depuis le télétravail, la situation est moins préoccupante. L’avenue permet aux automobilistes de se rendre à leur travail par la sortie Est de Lyon ». 

Un risque économique pour les commerces. Selon l’enquête menée par le Collectif J’Aime Monplaisir en octobre 2022 auprès des commerçants (220 sur l’avenue), sept boutiques seraient susceptibles de fermer et 124 licenciements seraient concernés dans le cas d’une baisse de chiffre d’affaires supérieure à 15 %. « Autre chiffre en baisse relatif au dispositif La Voie est Libre organisé par la mairie en mai et en octobre. Sur ces deux samedis, jours d’affluence où la circulation automobile est coupée sur l’avenue, les commerces de bouche enregistrent une baisse de -30 % à -40 % en moyenne. Si les commerces de l’avenue sont florissants c’est parce qu’ils bénéficient de la convergence de toutes les mobilités », argumente Jean Victor qui se base sur l’étude consommateurs publiée par la CCI en 2022 dont les chiffres indiquent qu’à Lyon, les consommateurs à vélo pèsent 3 % des achats, les automobilistes 48 %, les piétons 28 % et ceux générés par les TCL, 8 %. « Je regrette qu’une initiative qui avait de la force se termine par une décision unilatérale alors qu’il y avait de notre part une envie de conciliation pour rendre l’avenue plus agréable. À moindre coût, on pouvait la transformer pour tous les usages. On ne sait pas si on va renouveler notre braderie avec l’envergure du chantier qui va brider l’organisation de nos événements pendant trois ans », s’inquiète Gwenaël Belbeoch (UCAM).Tous craignent que trois ans de travaux impactent leur qualité de vie. 

Olivier Berzane, maire du 8e : « On ne juge pas un projet sur la base d’une journée » L’avenue des Frères Lumière ne sera plus un itinéraire de traversée continu ? « En effet, la rue sera coupée au niveau de la rue du Docteur Gélibert. On veut passer de 7 000 véhicules à 2 000 véhicules par jour. On met fin à un axe de transit pour ne conserver que le trafic lié à l’usage du quartier et favoriser la mise en place de la vélorue. En réduisant le trafic sur l’avenue, on n’a pas besoin du dispositif de piétonnisation le samedi ». 

Pourquoi ne pas faire supporter le trafic cycliste à quelques mètres sur la Voie Lyonnaise N° 12 cours Albert-Thomas ? « Les cyclistes doivent pouvoir rouler partout sur les avenues. La comparaison n’a aucun sens. La Voie Lyonnaise est une autoroute cyclable. Avenue des Frères-Lumière, le but n’est pas de faire un axe de transit de vélo. On va mettre des places de stationnement de vélo car aujourd’hui elles sont saturées. » « Les craintes des commerçants sont légitimes » Comprenez-vous les craintes des commerçants vis-à-vis d’une baisse de leur chiffre d’affaires ? « On a fait les études nécessaires avec la Métropole. Les automobilistes ne réalisent que 8 % des achats, loin des chiffres annoncés entre 30 et 40 %. Les craintes sont légitimes. Je les comprends. Elles sont tout le temps les mêmes. Allons-nous réinstaller les parkings autos sur les berges du Rhône ? Les quelque 70 places de stationnement place Ambroise-Courtois ? On ne juge pas un projet sur la base d’une journée. Les comportements ne changent pas en une journée. On mesurera dans le temps, quand les adaptations se seront faites ». L’association J’Aime Monplaisir a du mal à vous rencontrer ? « Je les ai rencontrés à quatre reprises en cinq mois : le 30 juin en mairie après la conférence de presse, le 12 juillet lors de la présentation du projet aux associations, le 3 septembre au Forum des associations où je leur ai accordé un stand et je les ai invités à la réunion publique sur le projet de la Tour du CIRC le 29 septembre ». Il semblerait que les travaux de réseau aient démarré mi-octobre sans information préalable ? « La Métropole a distribué quatre pages d’information dans les boîtes aux lettres des riverains. Il s’agit de remettre en état le collecteur des eaux usées pour permettre de planter les arbres. Il faut compter un an jusqu’à fin 2024 avant que ne débutent les travaux d’aménagement ». Recueillis par N.M. 

Un cœur de quartier commerçant requalifié et végétalisé pour 5M€. Le projet de réaménagement de la Métropole prévu en 2026 pour un coût de 5 millions d’euros prévoit de réduire les effets négatifs de la circulation sur l’avenue des Frères-Lumière, poursuivre la piétonnisation rue du Premier-Film, créer un parvis devant le lycée professionnel, verdir l’avenue des Frères-Lumière avec 100 arbres plantés, 50 arbres sur la place Ambroise-Courtois et 1 500 m2 de bandes plantées. 

Le périmètre définitif arrêté comprend : l’avenue des Frères-Lumière de la rue Jouvet à la place A. Courtois, la rue du Premier-Film au droit du Hangar du 1er Film et de l’Institut Lumière, une portion de l’Ouest de la place A. Courtois. 

Calendrier De juin 2023 à l’automne 2024 : finalisation des études de maîtrise d’œuvre et lancement des marchés publics de travaux. 

Fin 2023 : début des travaux de déviation et d’amélioration des réseaux d’assainissement. 

Fin 2024 : travaux d’aménagement de l’espace public. 

J’Aime Monplaisir propose de partager l’avenue avec équité. L’association propose des alternatives : arborer la partie Ouest de l’avenue comme celle de la partie Est, utiliser des matériaux novateurs pour les revêtements de sol pour lutter contre les fortes chaleurs, cadencer l’avenue par la création de passages piétons, partager l’espace de voirie à trois, un tiers avec équité (vélo, piéton, auto), intégrer tous les usages de l’avenue et mettre les aires de livraison en conformité en accord avec les prescriptions du CEREMA (Centre d‘études et d’expertise sur les risques, la mobilité et l’aménagement), faire supporter au cours Albert-Thomas, parallèle à l’avenue des Frères-Lumière et déjà doté de la Voie Lyonnaise N° 12 -en prolongement de l’avenue Rockefeller-, le plus clair du trafic cycliste de transit.