L'association JaimeMonplaisir met à l'honneur les femmes commerçantes
Elles ont un rôle majeur dans le développement de l’artisanat et des commerces ruraux et urbains. Les femmes concilient le travail dans l’atelier ou la boutique, l’éducation des enfants et les nombreuses tâches domestiques.
Discrètes mais solides, à l’heure où d’autres rentrent à la maison à 17h ou 18h après les horaires de bureau, elles restent souriantes et accueillantes, au service de leurs clients, jusque tard dans la soirée. C’est souvent à 20h ou 20h30 qu’elles regagnent leur domicile après avoir fermé le rideau de leur magasin.
Qu’elles soient jeunes ou expérimentées, c’est souvent l’esprit occupé par les soucis qu’elles rentrent chez elles : règlement des charges, des salaires, problèmes de livraison et d’approvisionnement des matières premières, souci du bien-être de leurs salariés et stagiaires….
Le lendemain, une nouvelle journée commence, et chaque jour l’incertitude du lendemain est plus grande entre inflation, difficulté d’acheminement des denrées, à recruter du personnel, à assurer le paiement des charges en augmentation etc.
Leur rythme de travail est soutenu et décalé de la vie traditionnelle de leur famille, de leurs enfants, de leurs amis : pas de pause les week-ends avec les autres. Si les jours fériés, vacances et fêtes de fin d’année sont pour les autres femmes gages de repos bien mérités, ce n’est pas leur cas.
Chacune, apporte sa pierre à l’édifice, participe à la renommée de notre quartier, à son esprit village. Chacune montre son rôle dans le développement de la vie à notre très belle avenue des Frères Lumière !
Entière et généreuse, une battante
Née d’un père ouvrier sur les chantiers qui a gravi les échelons dans la même entreprise, et d’une mère, commerçante, puis secrétaire, dans un cabinet notarial, elle a décidé d’un métier de passion. À l'âge de 16 ans, elle s’est suis orientée vers la coiffure avec deux ans de CAP et deux ans de brevet. Alors que petite, elle rêvait d’être radiologue. Trente ans après, elle n’a pas regretté son choix.
Arrivée en 1993 sur l'avenue d'abord en tant que responsable de salon de coiffure, elle s’est risquée : elle s’est installée à son compte en 2001 après la naissance de ses deux enfants. Vingt ans plus tard, elle abandonne la franchise sous laquelle elle travaille et devient commerçante indépendante.
Le choix du nom de son salon, c'est simplement parce qu’il est au numéro 49 de l’ avenue des Frères Lumière et que les chiffres additionnés font 13, son chiffre porte-bonheur.
Elle a toujours eu des employés jusqu'à cinq. Elle a tenu à former des apprentis en CAP et BP tout au long de sa carrière et à accueillir de tous jeunes stagiaires pour découvrir le métier.
Chaque jour en tant que femme commerçante, elle doit redoubler d'efforts pour être considérée d'égal à égal auprès de la gente masculine, alors que, contrairement aux hommes, une femme n’a pas d'autre casquette à endosser tout au long de la semaine. Une femme est épouse, mère, maîtresse de maison, en plus de la gestion de son propre commerce, où elle rencontre les mêmes problèmes : comptabilité, recrutement, encadrement d'équipe, avec beaucoup moins de temps libre et des disponibilités pour les régler.
Mais quelle satisfaction et quelle fierté quand on arrive à tout gérer et qu'on réussit ce que l'on a entrepris !
Un brin de poésie, une jeune femme très nature
Mes parents avaient une petite ferme d’élevage. Je vis en couple mais je n’ai pas d’enfant. Enfin, pas encore. Je suis fleuriste à Lyon sur l’avenue depuis quatre ans. J’ai été élevée à la campagne, les pieds dans la terre, et mon parcours –puis mon projet professionnel- m’ont fait me rapprocher de la ville. J’ai toujours aimé les animaux et la vie rustique, mais je n’ai jamais pensé reprendre la ferme, et heureusement, mon petit frère a suivi une formation agricole et finit sa formation, en famille, pour assurer la pérennité de l’exploitation.
Pour être franche, si j’avais été meilleure en maths et en sciences, j’aurais peut-être été médecin ou vétérinaire. Et puis quand on est jeune, on pense à sa spécialisation suivant ces centres d’intérêts et ses points forts ; la forme que prend le projet arrive ensuite. Les plantes et les fleurs, c’est à la fois une partie de ma culture, et une joie personnelle toujours renouvelée. J’ai suivi des études générales, mais j’ai choisi de m’orienter en CAP agricole à St Etienne. Et pour me spécialiser, j’ai suivi deux ans en Brevet de Maîtrise, délivré par la Chambre des Métiers ; comme mon apprentissage, il s’est déroulé à Lyon. De très bons souvenirs.
Durant mon apprentissage, j’ai travaillé pour une belle maison qui a plusieurs boutiques à Lyon. Quand on parle avec les vendeurs ou les clients de ce que l’on aime, et encore plus quand il s’agit de fleurs et de plantes, difficile d’être déçue. Mais ensuite, il y a ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas : la gestion des stocks, le suivi des commandes sur stocks et clients, la mise en rayon, l’accueil et le conseil client, la tenue de la caisse. La maison avait un point de vente à Monplaisir où j’ai pu passer quelques semaines, et c’est comme ça que j’ai connu ce quartier étonnant.
Etonnant par une ambiance village. On a l’impression qu’on a tout sous la main. Même à l’échelle de Lyon, où trouvez-vous autant de points de vente spécialisés indépendants ? J’ai travaillé à la Croix-Rousse, mais ici, tout se passe sur une seul avenue ! Il faut comprendre que si les commerçants s’y regroupent, c’est parce qu’ici, toutes les mobilités convergent. Je l’ai appris petit à petit, mais vous savez, on entend « l’emplacement l’emplacement ! » quand on recherche un bail à reprendre. Vous imaginez bien qu’en vendant des bouquets et des plantes, des produits qui peuvent être volumineux ou lourds, on a autant besoin de voitures que de piétons. Depuis que j’ai repris cette affaire, je vois cela plus clairement.
Je suis indépendante dans ma tête comme dans mon travail ! L’apprentissage pour cela m’a été utile, je suis entrée dans la vie et le rôle de commerçante petit à petit. J’ai bien vu que mes journées étaient longues ; les horaires, c’est 9h00-19h30, mais il y a la mise en place tous les jours avant et après, et le temps de trajet puisque j’habite en périphérie de Lyon. Je m’organise, et comme je dois venir en voiture –je peux avoir des livraisons à faire un peu n’importe quand-, je m’arrange pour me garer dans un parking de commerce de l’avenue, on se soutient.
Je suis écologiste des campagnes, je défends la préservation de l’environnement, de la faune et de la flore, mais je ne comprends pas le projet de vélo-rue, sauf comme un projet contre les commerces.